Extension de la station d’épuration du Nouveau Monde
Depuis plus de 10 ans, Caen la mer mène à bien diverses actions pour adapter la station d’épuration du Nouveau Monde aux enjeux de son territoire, mais aussi pour s’adapter aux besoins futurs de l’horizon 2050.
Afin de garantir la continuité et la performance de cet équipement, un projet d’extension a été lancé dès 2012. Respectueux des normes environnementales, il vise à accompagner l’évolution du territoire tout en anticipant les besoins futurs.
Ce projet entend répondre à 3 objectifs :
- Augmenter la capacité de traitement
- La capacité théorique maximale passe de 332 000 EH à 415 000 EH soit 54 400m3 d’eau traitée par jour (par temps sec).
- Réduire la quantité de boues d’épuration
- Au regard des évolutions de la réglementation et des pratiques, il était nécessaire de trouver un moyen de réduire la quantité des boues d’épuration. Le choix a été fait de recourir à la méthanisation.
- Diminuer l’empreinte énergétique de l’installation
- Grâce à la méthanisation, il est désormais possible de produire une énergie renouvelable sous forme de biométhane réinjecté dans le réseau de distribution de gaz naturel.
L’opération représente un coût d’investissement d’environ 30 M€HT, financé entièrement par Caen la mer, l’Agence de l’Eau et l’Europe.
Après une phase de concertation volontaire à l'automne 2020 et une enquête publique début 2022, les travaux ont débuté en juillet 2022. L'inauguration a été réalisée en juillet 2025.
Le marché de construction a été attribué au groupement DEGREMONT (SUEZ) / EIFFAGE Construction / CISE TP / PRODEVAL
Retrouvez les travaux en vidéo :
Le processus de méthanisation :
La digestion ou méthanisation des boues d’épuration est une technologie basée sur la dégradation de la matière organique par des micro-organismes, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène.
Concrètement, la décomposition de la matière organique libère un gaz, qui peut être récupéré pour produire de l’énergie.
Cette nouvelle étape de traitement permet de réduire le volume de déchets d’environ 30%, tout en produisant du biométhane. Ce gaz vert, injecté dans le réseau GRDF, est ensuite revendu à ENGIE et réutilisé localement, notamment pour l’alimentation de bus au biogaz.
Les bénéfices de ce procédé :
- Écologique : on produit une énergie verte à partir de carbone déjà présent à la surface de la terre (ce qui évite d’extraire du carbone fossile) et on valorise un déchet.
- Économique : la station produit une partie de l’énergie dont elle a besoin.
- Moins de déchets : le volume des boues est réduit, ce qui diminue les coûts d’évacuation (transport) et de traitement
Ce choix s’inscrit pleinement dans la stratégie de transition énergétique de la collectivité.
L’info en + :
L’une des particularités de ce chantier consiste en la mise en place de digesteurs en acier inoxydable, habituellement réalisés en béton.
Le montage de ces cuves consiste en un système d’assemblage de tôles, dont le toit est fabriqué dans un premier temps puis l’ensemble est élevé par le dessous. Cette méthode brevetée est assurée par le sous-traitant allemand LIPP.
Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=LROQ2x-NW4g
Un équipement respectueux :
La station a été pensée pour limiter au maximum son impact sur le cadre de vie. Les nouveaux équipements sont entièrement désodorisés, insonorisés, et intégrés au paysage. Grâce au processus de méthanisation, le trafic de camions lié à l’évacuation des boues est réduit et maîtrisé.
La préservation du milieu naturel a guidé la conception du projet dès l’origine. Le traitement des eaux reste conforme aux normes environnementales les plus exigeantes, avec le maintien du dispositif de désinfection UV. La production de biométhane permet en parallèle de réduire l’empreinte carbone du site, avec une économie estimée à plus de 4 500 tonnes de CO₂ équivalent chaque année.
Et après ? Une nouvelle étape à l'étude :
Les digestats* produits par la nouvelle installation sont actuellement envoyés dans un centre de compostage avec des déchets verts. Cette solution est toutefois transitoire. Les élus ont en effet voté, en juin 2024, le déploiement du schéma directeur de gestion des boues, qui consiste à mettre en œuvre, sur le site de la station d’épuration du Nouveau Monde, une filière de valorisation thermique des boues de l’ensemble du territoire.
Cette solution, qui constitue le meilleur compromis technico-économique pour la collectivité, suppose la construction d’une installation complète de traitement thermique. La consultation pour choisir la maîtrise d’œuvre est en cours. L’objectif est une mise en service de la nouvelle filière de gestion des boues en 2031 - 2032.
Pour en savoir plus :
Télécharger la brochure de présentation de la station du Nouveau Monde
Lexique :
- STEP ou Station d’épuration : Installation industrielle qui a pour fonction de traiter les eaux usées qui arrivent jusqu’à celle-ci. Une fois propre, elles sont rejetées dans le milieu naturel (cours d’eau, mer, etc.) et rejoignent le cycle de l’eau. Elle a pour rôle d’éliminer les polluants et impuretés (matières solides, excréments, huiles, substances dissoutes…) pour préserver la qualité de l’eau et des écosystèmes.
- EH ou Équivalent Habitant : Unité de mesure permettant d'évaluer la capacité d'une station d'épuration. Cette unité de mesure se base sur la quantité de pollution émise par personne et par jour.
- La méthanisation : Processus qui existe à l’état naturel dans certains milieux, et qui peut être recréé et maitrisé par l’homme. Il consiste à décomposer la matière organique pour récupérer :
- du biogaz, composé majoritairement de méthane (environ 50% à 70%) et de gaz carbonique ;
- un résidu de matière appelé le digestat.
- Le digestat : Résidu liquide (ou « déchet digéré »), issu de la méthanisation des déchets organiques qui peut être utilisé comme engrais après déshydratation et mélangé avec les déchets verts pour être composté.